Bank Block Tenants – Déclaration d’unité
BankBlockTenants@gmail.com
Qui sommes-nous?
Nous sommes un groupe de locataires qui habitent le 227, rue Bank et le 178, rue Nepean. Le quartier où se trouvent nos immeubles a été ciblé pour être démoli.
Les logements de ce quartier n’ont jamais fait l’objet d’améliorations qui poussent les locataires marginalisés à déménager, que ce soit par rénoviction ou par augmentation de loyer supérieure au taux légal. Par conséquent, la rotation dans ces logements a été faible et les loyers sont restés relativement bas. Certains d’entre nous habitent ce quartier depuis plus de 40 ans.
Les habitants de ce quartier ont généralement de faibles revenus et peu d’épargne. L’accès au crédit et aux prêts est limité. Nous n’avons pas de biens à liquider en cas d’urgence.
Pourquoi sommes-nous ciblés?
Selon le langage des investisseurs immobiliers, ce quartier serait décrit comme un actif financier sous-évalué et mal géré. Cela signifie qu’il est possible d’ajouter de la valeur à la propriété en y trouvant une utilisation plus lucrative.
La démolition prévue ajoutera de la valeur de deux manières :
- 1) L’intensification, qui, selon ce qui est prévu pour le quartier, résulterait de la construction d’une structure plus haute, remplie d’unités relativement petites.
- 2) Notre déplacement au profit d’une clientèle plus nantie qui paye le prix du marché. Si cet aménagement devait se dérouler comme prévu, les loyers seraient trois à cinq fois plus cher.
*** Pour cette proposition d’aménagement, une éviction de masse semble être au cœur du processus d’ajout de valeur. Même si nous, les locataires actuels, n’occuperions que 5 % des nouveaux logements proposés, il n’est certainement pas prévu de nous reloger, une fois l’aménagement terminé, en maintenant nos loyers actuels. Pourquoi en est-il ainsi ? ***
Où vivrions-nous après une éviction de masse?
Le prix moyen pour un appartement d’une chambre à Ottawa est actuellement de 2000 $ par mois. Ce montant est totalement hors de portée pour la plupart des locataires de notre quartier.
Et si nous communiquions avec le Registre des logements sociaux lors de l’éviction?
On nous répondrait que la liste d’attente pour un logement subventionné est de plus de cinq ans. Si notre éviction nous mène à l’itinérance, nous pourrons bénéficier d’un statut prioritaire, ce qui ramènera le délai d’attente à plus de deux ans. La liste d’attente pour un logement subventionné dans le Registre des logements sociaux compte actuellement 12 000 personnes et ne cesse de s’allonger. Cela se produit à un moment où les fournisseurs de logements subventionnés s’éloignent de l’aide offerte sous la forme de loyer indexé sur le revenu (LIR), au profit du Programme des loyers inférieurs au prix du marché (LIPM). Par exemple, le nouvel aménagement Mosaïq811 de la Société de logement communautaire d’Ottawa, situé au 811 Gladstone, ne comprend aucune nouvelle unité à LIR. Les loyers subventionnés établis pour Mosaïq811 dans le cadre du LIPM exigent un revenu familial de 30 000 à 60 000 $ par an pour s’assurer qu’un ménage ne paie pas plus de 30 % de son revenu en loyer. Ce montant est bien supérieur au revenu moyen des ménages locataires de LCO (17 000 $ en 2019). En bref, Mosaïq811 n’a absolument rien à offrir aux personnes les plus vulnérables inscrites sur la liste d’attente pour un logement subventionné.
En quoi cette lutte dépasse-t-elle notre quartier?
De nombreux processus similaires de déplacement de personnes marginalisées se sont déroulés à Centretown et partout à Ottawa au cours des deux dernières décennies. Dans ce quartier, de nombreuses personnes dorment devant nos portes la nuit tout au long de l’année, elles-mêmes, dans certains cas, dépossédées de leur logement dans le cadre de processus de réno/démoviction. Qu’est-ce que cette proposition d’aménagement offre à nos voisins en situation d’itinérance? Probablement une présence policière accrue et un déplacement plus éloigné des soutiens essentiels à leur survie disponibles dans certaines parties du centre-ville.
Sommes-nous en crise de logement?
Non. Une crise représente un risque pour la société dans son ensemble. Notre système de logement, quant à lui, profite à une partie de la société au détriment d’une autre. On ne peut pas compter sur nos élus pour changer en profondeur ce système d’exploitation, car il fonctionne très bien pour certaines personnes puissantes.
La destruction de notre quartier signifierait l’élimination de certains des derniers logements abordables de la ville qui sont accessibles aux ménages à faibles revenus.
Notre éviction de masse nous exposerait au risque d’itinérance.
Nous défendons nos domiciles dans ce quartier.
Nous sommes solidaires de nos voisins en situation d’itinérance et de tous les locataires qui rejettent un système de logement qui restreint l’accès au logement.